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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 1.djvu/658

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l’élève puissent, à tour de rôle, être pilote et passager. Puis l’appareil doit être à empennages, un appareil qui en est dépourvu, comme l’ancien Wright, manquant de stabilité, qualité indispensable, on l’avouera, surtout pour un débutant. Enfin comme un biplan est plus robuste qu’un monoplan, qu’il est, moins que celui-ci, sensible aux attaques du vent, qu’il présente, par conséquent, de plus sérieuses garanties au point de vue sécurité, c’est un biplan du type classique (G. Voisin, H. Farman, Sommer, Calderara-Goupy, etc.), et un grand biplan, qui doit être choisi.

« Se hâter lentement, » telle est la règle inflexible à laquelle tout débutant doit aveuglément se soumettre. Les maîtres dans l’art du vol, Wilbur et Orville Wright, de Lambert, Blériot, Leblanc, Paulhan, Latham, Tabuteau, etc., sont, sur ce point, en parfait accord. Certes, le comte de Lambert nous dit que c’est à peine si le total des heures de vol durant lesquelles W. Wright le fit profiter de son enseignement atteignit trois heures au plus. Mais il a soin de nous faire savoir que, livré à ses forces, il poursuivit son entraînement avec méthode, sans hâte inutile, s’efforçant, à chaque nouvelle envolée, de corriger les fautes qu’il avait pu faire antérieurement, car « il faut le reconnaître, a-t-il écrit, la machine commet bien peu de fautes, mais le pilote… ! »

Leblanc, le vainqueur du circuit de l’Est, est très sévère sur les conditions préalables que doit remplir le futur aviateur, sur la façon dont il doit entendre son métier.

Il va de soi, dit-il, dans le Matin, que la première des connaissances indispensables est celle de l’air : l’école du ballon libre s’impose. A tous ceux qui rêvent de monter en aéroplane, il donne ce conseil : « Ne vous hâtez pas ; vous perdriez du temps. Faites d’abord vos classes en ballon. » Et, en effet, une des plus graves difficultés auxquelles se heurte l’aviateur en plein vol, c’est l’orientation. Or, le voyage en ballon libre, c’est la leçon de géographie sur un plan en relief, non plus le plan de carton gaufré du collège, mais la terre elle-même, avec ses fleuves, ses forêts, ses vallées, ses villes. La lecture de cette sorte de carte vivante est, pour un aviateur, quelque chose comme l’anatomie pour un médecin. D’un autre côté, si le marin a certes besoin de connaître le vent, les courans, combien plus que lui l’aviateur qui, avec sa machine, n’est guère qu’un