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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 1.djvu/663

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repérer, ne sont pas obtenus d’une façon parfaite, il est inutile de s’essayer à voler plus haut, surtout si le vent se fait sentir.

L’action d’une large et profonde masse d’air, animée tout entière du même mouvement de translation, produit, en effet, le plus souvent, une dérive latérale qui, si l’on veut aller en ligne droite d’un point à un autre, force l’aviateur à orienter l’aéroplane de façon que celui-ci fasse avec la route à parcourir, dans un sens opposé à celui du vent, un certain angle, dit angle de dérive, bien connu de tous ceux qui ont navigué. L’évaluation de cet angle, évaluation facile quand on connaît, au moment du départ, la direction et la vitesse du vent, est toujours très utile. Mais le vent étant ce qu’il y a de plus capricieux au monde, au moins dans nos pays, seule, en définitive, la faculté de s’orienter, de se repérer permet à l’aviateur de ne jamais perdre de vue le but à atteindre ou tout au moins de le retrouver, le cas échéant. Par suite, seule, cette faculté, une fois parfaitement acquise, peut le mettre à même d’obvier constamment à la dérive, ou, si l’on veut, de « corriger sa route, » à chaque instant, au-dessus du champ de manœuvres, ce qui lui permettra, plus tard, de la corriger avec facilité au-dessus des villes et des campagnes qu’il dominera.

Quant à la façon la plus directe d’arriver au but, c’est celle qu’a préconisée, un des premiers, l’aviateur Calderara, celle que l’on emploie dans la marine, quand la chose est faisable, aux abords des côtes, par exemple, celle avec laquelle le débutant doit se familiariser autant que possible : manœuvrer de telle sorte que le point que l’on veut atteindre soit constamment vu dans le prolongement d’une droite déterminée : 1° par l’œil de l’aviateur ; 2° par un point de repère convenablement choisi sur le terrain, à l’instant où le vol commence. La méthode qui consiste à mettre le cap sur le but visé, correcte quand il n’y a pas de vent, admissible si le vent est debout ou arrière et le trajet assez court, présente le défaut de sacrifier la route, c’est-à-dire de faire décrire à l’aviateur, par vent latéral, au lieu d’une ligne droite, la fameuse courbe du chien qui traverse la rivière pour rejoindre son maître qui l’attend.

L’éducation de l’élève aviateur est maintenant terminée. Désormais, il est aviateur lui-même, n’a plus guère besoin d’un guide ; il peut voler de ses propres ailes et aborder peu à peu les grands vols.