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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/458

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REVUE PÉDAGOGIQUE

adoptée dans les écoles allemandes, ainsi que l’on en jugera par la description ci-dessous d’exercices exécutés devant M. Eugène Paz dans l’Allemagne du Nord : « Les jeunes filles, correctement alignées, prennent gravement leur pas de distance ainsi que des conscrits qui se disposent à faire l’école du soldat ; on ouvre les rangs comme dans nos trois premières leçons de peloton ; les mignonnes travailleuses sont armées de la barrette de fer traditionnelle qu’elles meuvent en tous sens, tout comme les garçons leurs émules ; elles aussi exécutent avec la plus irréprochable ponctualité des demi-tours et des volte-faces dignes du meilleur de nos grenadiers ; mais insensiblement les distances se rapprochent, les mains s’enlacent, les bras s’élèvent comme des guirlandes de fleurs, les rangs se pressent, se croisent et se traversent avec une harmonieuse symétrie ; les pointes des pieds se dressent et effleurent à peine le sol ; le joueur d’harmonium indique le rhythme et le spectateur se trouve comme par enchantement transporté en pleines régions du ballet de l’Opéra. Les poses les plus gracieuses, les pas les plus hardis, les jetés-battus les plus imprévus, la valse, le galop, la mazurka, toutes les cadences se succèdent avec un entrain, un ensemble et une grâce charmantes[1]… »

Une description aussi séduisante n’engage-t-elle pas à demander l’introduction d’exercices analogues dans nos écoles de filles ? L’examen de cette question nous ferait sortir du cadre de ces simples observations. Nous avons seulement voulu montrer que notre système d’éducation physique contient peut-être une lacune entre la gymnastique et la danse. Nous appelons sur ce point l’attention des personnes compétentes.


  1. Rapport sur l’enseignement de la gymnastique en Allemagne, en Autriche, en Belgique et en Hollande, par Eugène Paz (1868).