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REVUE PÉDAGOGIQUE

chapitres consacrés à la géographie, à l’histoire, aux leçons de choses, aux musées scolaires, pour arriver aux pages finales : « De la manière de faire la classe ». Ce sujet fournit quatre chapitres, des plus vivants, des mieux remplis, des plus essentiels dans le plan de l’auteur et dans la pensée qui domine son livre. Les observations vraies et pénétrantes, les traits justes et fins y abondent, si bien déduits et si naturellement enchaînés qu’ils semblent applicables sans effort. Prenez-y garde, il y a bien de l’étude, bien de la science dans ces conseils semés d’une main prodigue, et cette manière de faire la classe pourrait bien s’appeler un art. Nulle part l’auteur n’a plus de vivacité, d’animation et de variété. Il s’assied tour à tour sur le banc de l’élève, dans la chaire du maître, dans le fauteuil de l’inspecteur, ct de ces trois points de vue ses regards convergent sur l’objet unique et cher, l’âme de l’enfant, cette âme à conquérir, à retenir, à munir, à mûrir. Pas de détail trop petit à ses yeux, s’il y a quelque service à rendre, quelque bien à faire à cet enfant dont il poursuit le perfectionnement intellectuel et moral. Mgr Dupanloup voulait qu’un éducateur eût souci de toute chose, « même des cordons de soulier de son élève ». M. Vessiot est de cet avis, et il ne lui coûte pas de se baisser pour corriger un menu défaut, éviter un faux pas, écarter une pierre du chemin. C’est par là que ce livre, d’une inspiration si morale et si vraie, se rattache au précédent ; bien dignes tous les deux d’être étudiés et médités par tous les maîtres de la jeunesse.  H. D.

Le Droit mis à la portée de tout le monde, par M. le professeur Émile Acollas ; Paris, librairie Ch. Delagrave. — Les idées générales sont malheureusement restées jusqu’ici le monopole d’un petit nombre. La faute en est à la parcimonie d’instruction et d’éducation morale dont a souffert l’ensemble de la nation sous les régimes qui ont précédé l’établissement de la République, comme aussi aux méthodes souvent défectueuses au moyen desquelles on a rétréci les intelligences au profit de la caducité des préjugés. C’est cet état de chose nuisible à chacun et par conséquent à tous que la sollicitude de l’esprit scientifique cherche à atténuer dans le présent, de façon à préparer un avenir où les citoyens, intellectuellement armés sachent vouloir en connaissance de cause ; c’est pourquoi la vulgarisation de la science, et de la science du droit en particulier, s’impose surtout dans une société démocratique comme la nôtre.

Pour jouir de la liberté paisiblement et utilement, il faut connaître les limites de cette liberté ; il faut se rendre compte des obligations qu’elle impose à l’égard des autres, en qui réside une liberté égale. Tel est l’objet de la science du droit.

Mais que de difficultés pour vulgariser la science du droit, et quelle multiplicité de connaissances s’impose à celui qui entreprend cette œuvre laborieuse !