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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1909.djvu/505

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BIBLIOGRAPHIE

Le texte des mss est celui-ci :

Ma mère, adieu. Je meurs ; et tu n’as plus de fils.
Non, tu n’as plus de fils. Ma mère bien-aimée,
Je te perds. Une plaie ardente, envenimée,
Me ronge. Avec efforts je respire ; et je crois
Chaque fois respirer pour la dernière fois.
Je ne parlerai pas. Adieu. Ce lit me blesse.
Ce tapis qui me couvre accable ma faiblesse.
Tout me pèse ; et me lasse. Aide-moi, Je me meurs.
Tourne-moi sur le flanc. Ah ! j’expire ! O douleurs !

Qui ne voit que les hardiesses des coupes de Chénier, le rythme nouveau qu’il impose à l’alexandrin pour le plier à l’expression de cette angoisse désespérée est marqué avec une tout’autre précision par la ponctuation des mss.

Le texte nouveau porte avec lui bien d’autres enseignements. En tête de cette pièce classique du Malade M. D. publie par exemple toutes les indications en prose, tous les fragments de vers jetés par le poète dans ses notes. C’est le travail même de la composition poétique qui nous est ainsi révélé. Nous n’insisterons pas puisque M. D. utilisera tout cela bien mieux que nous ne saurions le faire.

On sait qu’il est impossible de classer avec une certitude rigoureuse les innombrables fragments de Chénier. Nous connaissons par des indications qu’il plaçait lui-même sur les feuillets la destination générale d’un bon nombre d’entre ceux : βουκ : Bucoliquesἔλ Élégies, etc. M. D. a naturellement respecté ces indications. Pour le reste il a obéi à certaines évidences que la disposition du ms. ou le sens des pièces lui imposait ; il reste une part d’arbitraire qui était inévitable, Dans le détail il adopte franchement, à défaut de tout renseignement un ordre logique, plus minutieux et plus précis que le classement de Becq de Fouquières : Invocations poétiques — Les Dieux — Les Héros et les Fables — Les Chanteurs — Enfants, jeunes garçons et jeunes filles, etc. Double avantage : de commodité d’abord ; les pièces se retrouveront plus aisément ; de vérité littéraire ensuite : on trouvera à chaque division tout ce qui s’y rattache, brouillons, fragments de vers, distiques, etc., tout ce que Becq de Fouquières ne pouvait pas donner puisqu’il ignorait les manuscrits. Ainsi l’on suivra mieux le travail du poëte et le jeu harmonieux et vagabond de sa pensée.


Pages choisies des Grands Écrivains : Marivaux (avec une introduction par F. Vial). Paris, Colin.

À la collection des Pages choisies publiée par la librairie Colin vient de s’ajouter un Marivaux qu’a préparé M. Francisque Vial. Ce livre est utile : il n’y a pas une édition de Marivaux qui soit très bonne, ni facile à trouver ; on aura volontiers sous la main ce volume de 400 pages