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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1924.djvu/27

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L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE SÉLECTIF EN ALLEMAGNE

qui vient d’être dit en est la preuve et on pourrait multiplier les faits à l’appui. Mais le plus grand tort est fait aux enfants très nombreux qui se trouvent dans le système de Berlin tantôt parmi les arriérés qui montent aux degrés supérieurs, tantôt parmi les normaux, et qui à Mannheim se trouvent entassés dans les classés de perfectionnement si difficiles à remuer, à cause des très grandes différences individuelles. Faire ressortir ces différences individuelles, les canaliser au besoin, ou les atténuer — telle est la tâche la plus importante de ceux qui s’occupent des enfants et en premier lieu, des instituteurs. Cela donnerait aussi des indications sur la future orientation professionnelle des élèves, problème très important, tant au point de vue de l’individualité de l’enfant qu’à celui de l’économie sociale.

Qu’on ne dise pas que cela est très beau en théorie, mais irréalisable en pratique. Les organisations que je viens de décrire l’ont réalisé en partie, et il est regrettable qu’on ne soit pas allé plus loin. Cela n’est pas étonnant. Car il faut bien dire que tout l’effort vers l’ « école sur mesure » est fait là par les pédagogues seuls. À Berlin il n’y a pas de psychologue attaché à toute cette organisation, pourtant si vaste et complexe, de l’enseignement spécial, et dans les cinq examens que l’enfant passe avant d’entrer à l’école auxiliaire, il n’y a pas de place pour un examen psychologique à proprement parler. Si à Mannheim il y a déjà un psychologue, et un psychologue avisé, attaché à l’école, son influence ne se fera sentir que difficilement à cause du caractère trop systématique et trop à priori de l’organisation. Et cependant cette collaboration intime du psychologue et du pédagogue est. une condition nécessaire et indispensable de l’existence d’une « école sur mesure » au sens vrai du mot. Est-il en effet possible de la réaliser sans connaître l’enfant et les lois de son évolution ?

Je me propose d’examiner dans un travail ultérieur de quelle façon il faut entendre cette collaboration et comment on pourrait s’approcher de l’ « école sur mesure » sans bouleverser de fond en comble l’école actuelle. Je me borne donc à constater pour le moment que les deux organisations allemandes ont contribué pour une grande part à jeter un pont entre l’école d’hier et celle de demain.