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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/107

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Nouvelle série. — Tome III.
15 Août 1883.
No 8.

REVUE PÉDAGOGIQUE


LES PETITES ÉCOLES DE PORT-ROYAL
(Deuxième et dernier article.)
[1]



Quand on parle de Port-Royal, de ses doctrines, de ses établissements, c’est toujours à Saint-Cyran qu’il faut remonter. C’est lui qui, par ses opinions, par son caractère, par les persécutions dont il fut l’objet et par la façon dont il les subit, représente le mieux l’esprit de la Société : c’est lui qui a formé l’âme de Port-Royal. Plus tard seulement l’influence d’Arnauld se fit sentir, quand déjà la tendance primitive avait un peu dévié. Mais, à l’époque des Petites Écoles et sur cette matière de l’éducation en particulier, on peut dire que Port-Royal tout entier est imbu des idées de Saint-Cyran. Pour bien comprendre l’esprit qui anime les maîtres, il faut préciser d’abord ce que fut l’esprit de Saint-Cyran et sa doctrine sur l’enfance.

I

Pour Saint-Cyran, l’homme est un être déchu, et « le diable possède l’âme d’un petit enfant dans le ventre de sa mère ». « C’est, dit-il, une maxime indubitable de saint Augustin contre les Pélagiens, qu’il est aussi impossible à la justice divine de punir et de faire endurer du mal sans qu’on ait péché que de ne punir point les coupables. Or, puisque les enfants souffrent tous les jours sans qu’ils aient rien fait pour cela, il faut nécessairement qu’ils aient quelque péché dont ils portent la peine et qui ne peut être autre que l’originel seulement[2]. »

  1. Voir notre numéro du 15 février 1883.
  2. Mémoires de Fontaine.