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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1896.djvu/414

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REVUE PÉDAGOGIQUE

la nécessité d’une gradation ; il en est qui ont entre eux des ressemblances de sens et aussi de forme : pourquoi ne pas le faire remarquer ? Il en est qui dérivent les uns des autres : pourquoi ne pas suivre cette filiation ? Autant de moyens qui aideraient les élèves à se les graver dans la mémoire, aussi bien comme forme que comme sens. L’idée, sans le mot qui l’exprime, garde quelque chose de vague et de flottant ; le mot, sans l’idée, n’est que l’apparence du savoir ; l’idée et le mot doivent former un tout. Mais ils ne se fixent vraiment que par l’écriture, qui permet en outre de les transmettre à travers le temps et l’espace. À mesure qu’on apprend quelque chose à l’enfant, lui donner le mot spécial et propre qui l’exprime, puis lui faire écrire ce mot avec l’orthographe qui convient : tel est l’ordre que nous trace la nature elle-même et qu’il faut suivre. Et s’il en était ainsi, les élèves ne seraient pas exposés à emmagasiner dans leur mémoire des images fautives, et ils écriraient chaque mot comme il doit être écrit, parce qu’ils l’auraient vu bien écrit dès l’abord et qu’ils n’auraient eu ensuite aucune raison de l’écrire autrement.

Il n’est pas possible que l’expérience ne justifie pas les vues qui viennent d’être exposées, ni que les maîtres qui s’inspireront de ces idées n’arrivent pas, avec moins de peine en somme et dans un temps moindre, à faire faire plus de progrès à leurs élèves. Et comme ce temps, économisé par une étude plus rationnelle de l’orthographe, serait précieux pour l’enseignement des autres matières du programme auxquelles il fait trop défaut ! « Qu’on n’essaie point d’opposer ici la pratique à la théorie, dirai-je encore, pour terminer, avec M. Payot. Seules les théories incomplètes ou fausses peuvent être infirmées par la pratique ; mais la pratique confirme toujours les théories exactes et adéquates à la réalité… Il serait inutile que nos savants fissent des découvertes de premier ordre en psychologie, si ces découvertes ne descendaient dans la pratique en l’améliorant, et il n’est que temps que les méthodes d’enseignement de la dictée soient mises en harmonie avec les résultats acquis en psychologie durant ce dernier quart de siècle. »