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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/118

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SOCIÉTÉ DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE


LES SOMNAMBULES CRIMINELS

Le numéro de la Revue scientifique du 2 août 1890 contient un article de M. le Dr Azam ayant pour but de prouver que la double conscience n’est qu’un somnambulisme total où tous les sens et toutes les facultés sont actifs. Notre honoré collègue cite à ce propos quelques extraits d’observations publiées antérieurement par lui-même, par quelques autres confrères et par moi[1] ; et, après avoir fait le tableau d’un somnambule qui marche, parle, accomplit tous les actes de la vie de relation absolument comme à l’état normal, n’étant que « pour son entourage, pour les initiés seulement, en condition seconde, à l’état de double conscience, puisqu’après l’accès il a oublié, comme un somnambule qu’il est, tout ce qui s’est passé pendant sa durée… », M. Azam résume son travail en ces quelques lignes :

« On peut, j’y reviens, rencontrer des individus qui ont les apparences de tout le monde et qui, cependant, étant en condition seconde, ne sont que des somnambules, lesquels à leur réveil auront tout oublié. »

Puis, il ajoute cette réflexion : « Je ne me dissimule pas les questions troublantes que pose cette possibilité, si rare qu’elle soit, surtout au point de vue de la responsabilité. »

À l’histoire de Mlle Rosalie Laborderie M. Azam a oublié de joindre celle d’une certaine Marie, que j’ai racontée dans le numéro du 1er décembre 1883 de la Revue scientifique, et communiquée, à un autre point de vue, à la Société de psychologie physiologique (voir Revue philosophique de février 1889).

Je demande à mon cher et honoré confrère la permission de lui rappeler ce document à l’appui de sa théorie.

Il s’agissait d’une jeune fille, domestique chez M. le Dr Girault, à Onzain (Loir-et-Cher), que j’avais vue plus d’une fois chez lui en état de somnambulisme, et que je trouvai, un matin, en faisant ma visite à la

  1. M. Azam se trompe de date : ce n’est pas en 1875, mais dans le numéro du 15 juillet 1876 que j’ai fait connaître l’histoire de Mlle R. L., dont je puis écrire le nom en toutes lettres : Rosalie Laborderie, maintenant qu’elle est décédée.