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Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/161

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moyenne. Le choc émotionnel, la violence de la passion supplantent l’intérêt, en annihilant l’attention. Un drame, même fictif, s’il nous touche, suscite un état très différent de l’intérêt : larmes, terreur, désespoir, colère — et dont les conditions physiologiques sont tout autres.

C’est sans doute parce qu’il peut vivre seulement dans une zone tempérée que l’intérêt a été classé par divers psychologues parmi les sentiments intellectuels. Une meilleure raison, c’est qu’il est intimement lié au désir de connaître, à la curiosité puérile ou réfléchie : il oriente dans une direction, il fixe et maintient l’attention. — Au reste, l’importance du facteur intellectuel dans la genèse de l’intérêt n’est pas douteuse. En voici une preuve entre beaucoup d’autres. Ordinairement, le nouveau, l’étrange nous captivent, mais on sait que les primitifs, mis pour la première fois en contact avec les inventions de nos civilisations raffinées, restent indifférents, ne s’y intéressent pas ; parce qu’ils ne comprennent pas.

En résumé, l’état d’intérêt participe du connaître, du sentir et de l’agir. Telle est son analyse qualitative. Quant à la détermination