Aller au contenu

Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sciente », n’est pas beaucoup plus indulgent. Il l’assimile à la vie purement affective et mieux encore, à un type de conscience animale : il fait remarquer avec raison que sa psychologie est très simple, élémentaire.

En dépit de ces tentatives, l’inconscient n’est qu’une fraction de notre personnalité, rien de plus ; mais il reste en lui un fond impénétrable. Ce fait, — de quelque façon qu’on l’explique — qu’il y a en nous une vie souterraine qui n’apparaît qu’en passant et jamais totalement, est d’une grande portée ; c’est que la connaissance de nous-même (γνῶθι σεαυτόν) n’est pas seulement difficile, mais impossible. Pour en expliquer la difficulté, on a allégué des raisons morales (influence des passions, faiblesse de la volonté), des raisons intellectuelles (insuffisance du jugement, pauvreté des facultés logiques, irréflexion). Tout cela est remédiable. Mais ce qui ne l’est pas, c’est l’incapacité absolue de connaître notre individualité intégralement et d’en être certain. Ce précepte se heurte donc contre une impossibilité psychologique ; son idéal est inattingible et ne peut être qu’une approximation — mais ceci est l’affaire des moralistes.