Aller au contenu

Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 1.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 114 )

mais son âme, éminemment théologique, connaissait par instinct tout ce qu’avaient découvert les théologiens passés et présens, et devinait ce que devaient savoir un jour les théologiens à naître. Cet homme canonique portait une barbe longue et touffue, d’épais sourcils se courbaient en arc au-dessus de ses yeux tantôt sombres comme la nuit orageuse, tantôt brillans comme l’éclair ; un nez prophétique s’élevait entre ses sourcils et ses moustaches comme le cèdre du Liban au-dessus des broussailles. Quand il marchait, il croisait les bras sur sa poitrine, il baissait les yeux ou les élevait dévotement au ciel, soupirait, pleurait et priait. Ses larges reins étaient serrés d’une double corde d’où pendaient une discipline et un chapelet. Il n’avait ni bas, ni chemise, mais il était couvert d’une haire : une odeur de couvent ou de sainteté l’annonçait au loin ; c’était bien véri-