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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 1.djvu/131

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Laurette, assise sur la poussière, pleurait amèrement ; son conducteur revint et dit : « Le doux Jésus pouvait-il laisser à pied sa jeune épouse ? Il ne donna qu’un âne à sa mère fuyant en Égypte, à vous il donne une mule, animal moins orthodoxe, il est vrai, mais plus vigoureux ; la mule n’a jamais parlé ni vu les anges, comme l’âne, mais elle va plus vite, et nous devons remercier la divine Providence de ce choix. »

Elle porta, et d’abord fort bien, le moine et Laurette, mais bientôt elle renversa le couple malheureux ; ils remontèrent ; ils retombèrent : étaient-ils à terre, elle devenait docile ; remontaient-ils, elle ruait. Le moine reconnut le démon à ses œuvres : il exorcisa la mule. Pendant la cérémonie, elle se prit à braire d’une façon épouvantable. Vivat ! Vivat ! dit le saint homme : le charme opère. Satan déguerpira : vainement il demande du secours aux enfers… Ô mi-