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Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/190

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la dépense ; et pourvu que le poids en soit également réparti, et qu’il ne s’oppose point à la reproduction, il importe peu qu’il soit assis sur les profits ou sur la dépense. Des impôts sur la production ou sur les profits du capital, — qu’ils soient assis immédiatement sur les profits, ou bien qu’assis sur la terre ou sur ses produits, ils les affectent indirectement, — ont sur tout autre impôt cet avantage, qu’aucune classe de la société ne peut s’y soustraire, et que chacune y contribue selon ses facultés.

Un avare peut se soustraire aux impôts sur les dépenses ; avec un revenu de 10,000 l. par an, il peut n’en dépenser que 300 l. ; mais il ne saurait échapper aux impôts directs ou indirects sur les profits ; il y contribuera en cédant une partie de ses produits ou une partie de leur valeur ; ou bien, par suite de l’augmentation du prix des objets essentiellement nécessaires à la production, il ne pourra plus grossir son capital dans la même proportion que par le passé. Il conservera un revenu de même valeur, mais il ne pourra pas disposer d’un aussi grand nombre de bras, ni d’une quantité pareille de matériaux propres à employer ces bras.

Si un pays se trouve isolé de tous les autres, n’ayant point de commerce avec ses voisins, il n’aura le moyen de rejeter aucune portion de ses impôts sur les autres nations. Une partie de ses produits territoriaux et industriels sera consacrée au service de l’État, et à moins que les impôts ne pèsent d’une manière inégale sur la classe qui épargne et qui accumule, il importera fort peu, selon moi, qu’ils soient levés sur les profits, sur les produits du sol ou sur ceux des manufactures. Si mon revenu annuel est de 1,000 l., et que je sois tenu de payer 100 l. d’impôts, il m’importera peu de prendre cette somme sur mon revenu, qui se trouvera ainsi réduit à 900 l., ou de payer 100 l. de plus les produits de l’agriculture ou les marchandises manufacturées que je consommerai. Si 100 l. constituent ma quote-part de la dépense publique, la bonté d’un impôt consistera à me faire payer ces 100 l. ni plus ni moins, ce qui ne peut s’effectuer d’une manière aussi sûre qu’au moyen des impôts sur les salaires, les profits et les produits de l’agriculture.

La quatrième et dernière objection dont il me reste à parler, consiste à dire qu’en faisant hausser le prix des produits bruts de la terre, celui de toutes les marchandises dans la composition desquelles ils entrent, haussera également, et que par conséquent nous ne pourrons pas soutenir la concurrence des manufactures étrangères dans les divers marchés.