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Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/213

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tout genre d’impôt, et non un mal particulier aux impôts dont nous nous occupons en ce moment.

On peut en effet considérer ce mal comme l’inconvénient inévitable attaché à tout impôt perçu et dépensé par l’État. Chaque nouvel impôt devient une charge nouvelle sur la production, et augmente le prix naturel des produits. Une portion du travail du pays dont pouvait disposer auparavant le contribuable, est mise à la disposition de l’État. Cette portion peut s’accroître tellement qu’il ne reste plus assez d’excédant de produits pour encourager les efforts des personnes qui, par leurs économies, grossissent d’ordinaire le capital national. Heureusement les impôts n’ont encore été portés, dans aucun pays libre, assez loin pour faire décroître son capital d’année en année. Une telle surcharge d’impôts ne saurait être supportée longtemps, car si on l’endurait, l’impôt irait toujours absorbant une si grande partie du produit annuel du pays, qu’il en résulterait un état affreux de misère, de famine et de dépopulation.

« Un impôt territorial (dit Adam Smith) qui est établi comme celui de la Grande-Bretagne, d’après un cens fixe et invariable, a bien pu être égal pour tous à l’époque de son premier établissement ; mais il devient nécessairement inégal dans la suite des temps, en raison de l’amélioration ou du dépérissement de la culture dans les différentes parties du pays. En Angleterre, l’évaluation d’après laquelle a été faite l’assiette de l’impôt foncier sur les différents comtés et paroisses, par l’acte de la quatrième année de Guillaume et Marie, a été fort inégale, même à l’époque de son premier établissement. À cet égard donc, cet impôt choque la première des quatre règles exposées ci-dessus : il est parfaitement conforme aux trois autres ; il est on ne peut plus fixe. L’époque du paiement de l’impôt étant la même que celle du paiement des rentes, est aussi commode qu’elle peut l’être pour le contribuable, Quoique le propriétaire soit dans tous les cas le vrai contribuable, l’impôt est, pour l’ordinaire, avancé par le tenancier, auquel le propriétaire est obligé d’en tenir compte dans le paiement de la rente. »

Si le fermier rejette l’impôt, non sur le propriétaire, mais sur le consommateur, alors l’impôt, s’il n’a pas été inégal dès son origine, ne pourra plus l’être ; car le prix des produits ayant été tout d’un coup élevé dans la proportion de l’impôt, ne variera plus dans la suite par cette cause. Cet impôt pourra mécontenter par son inégalité, et j’ai déjà montré qu’il produisait cet effet ; car il est contraire