Aller au contenu

Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ou, ce qui revient au même, la valeur d’une plus grande portion du produit de la terre, et par conséquent qu’il payât moins de rente au propriétaire. Ainsi, dans ce cas, le paiement définitif de ce surhaussement de salaires, en y joignant le profit additionnel du fermier qui l’aurait avancé, retomberait sur le propriétaire. Dans tous les cas, un impôt direct sur les salaires du travail doit nécessairement occasionner, à la longue, une plus forte diminution dans la rente de la terre ; et en même temps une plus forte hausse dans le prix des objets manufacturés que n’en aurait pu occasionner, d’une part ni de l’autre, l’imposition d’une somme égale au produit de cet impôt, qui aurait été convenablement assise, partie sur le revenu de la terre, et partie sur les objets de consommation. » Tome III, page 337.

Smith soutient, dans ce passage, que le surhaussement des salaires payé par les fermiers doit retomber en définitive sur les propriétaires fonciers, qui recevront moins de rente ; mais que l’excédant de salaires payé par les manufacturiers à leurs ouvriers occasionnera une hausse dans le prix des ouvrages manufacturés, et que ce surcroît de frais retombera par conséquent sur le consommateur.

Supposons la société composée de propriétaires fonciers, de manufacturiers, de fermiers et d’ouvriers. On convient que les ouvriers seront dédommagés de ce qu’ils paieront pour l’impôt ; mais qui les en dédommagera ? qui voudra se charger de payer la portion qui ne retombe pas sur les propriétaires ? Les manufacturiers ne pourraient en payer aucune partie ; car, si le prix de leurs marchandises haussait à proportion du surhaussement des salaires qu’ils sont obligés de payer, ils se trouveraient dans une plus belle position après l’impôt qu’auparavant. Si le fabricant de drap, le chapelier, le cordonnier, etc., pouvaient chacun élever le prix de ses marchandises de 10 pour cent, en supposant que ces 10 pour cent suffisent complètement pour les indemniser du surcroît de salaires qu’ils paient à leurs ouvriers ; si, comme le dit Adam Smith, « ils étaient à la fois dans la nécessité et dans le droit de reporter ce surcroît de salaires, avec un profit, sur le prix de leurs marchandises, » dans ce cas, chacun d’eux pourrait consommer autant de marchandises des autres marchands que par le passé, et par conséquent ils ne contribueraient en rien à l’impôt. Si le fabricant de draps payait ses chapeaux et ses souliers plus cher, il vendrait aussi son drap à plus haut prix. Ces fabricants achèteraient tous