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tation de ces frais sera donc un surhaussement de prix, et non une diminution de la rente[1].

Il est singulier qu’Adam Smith et M. Buchanan, qui, tous deux, conviennent que les impôts sur les produits agricoles, l’impôt foncier, et la dime, tombent tous sur le profit du propriétaire foncier, et non sur les consommateurs des produits de l’agriculture, admettent néanmoins qu’un impôt sur la drèche tomberait sur le consommateur

  1. « L’industrie manufacturière augmente ses produits à proportion de la demande, et les prix baissent ; mais on ne peut pas augmenter ainsi les produits de la terre, et il faut toujours un haut prix pour empêcher que la consommation n’excède la demande. » Buchanan, tom. IV, pag. 40. Est-il possible que M. Buchanan puisse soutenir sérieusement que les produits de la terre ne peuvent être augmentés quand la demande eu devient plus considérable. (Note de l’Auteur.)

    M. Buchanan supposé, je pense, que la tendance qu’a la population à devancer les moyens de subsistance (V. les raisons irrésistibles qu’en donne Malthus), établit une demande telle, que le prix des subsistances excède toujours ce qui serait rigoureusement nécessaire pour payer les seuls profits du capital et de l’industrie employés à la culture des, terres. C’est cet excédant qui compose le profit du propriétaire foncier, la rente qu’un fermier, consent, à payer, même lorsqu’il n’y a aucun capital répandu sur la terre qu’il loué.

    Le prix des produits territoriaux, comme tous autres, est toujours fixé eu raison composée de l’offre et de la demande ; or, il est clair que dans le cas dont il est ici question, la demandé n’étant jamais bornée, et l’offre l’étant toujours (puisque l’étendue des terres cultivables l’est), le produit des terres doit être à un prix monopole, qui s’élève d’autant plus, que les facultés des consommateurs s’augmentent.

    Il ne faut pas dire que la quantité des terres cultivables n’est pas bornée tant qu’il en reste d’incultes. Si les produits possibles des terres actuellement incultes, soit en raison des difficultés provenant de la distance ou des difficultés provenant des douanes, doivent revenir plus chers au consommateur que le blé qu’il achète au prix monopole de son canton, il est évident que ces terres ne peuvent point, par leur concurrence, faire baisser le blé dans son canton.

    J’avoue d’ailleurs que je ne vois aucun motif suffisant de renoncer à l’opinion de Smith, qui regarde la terre comme un grand outil, une machine propre à faire du blé, quand elle est convenablement manœuvrée, et qui trouvé tout simple que le propriétaire de cette machine, à quelque titre qu’il la possède, là loue à ceux qui en ont besoin. C’est le besoin qu’on a des produits qui est la première source du prix qu’on y met. Si la concurrence des producteurs fait baisser ce prix au niveau des frais de production, ce n’est pas une raison pour que les propriétaires de terres réduisent leurs prétentions au niveau de rien ; car, quoique les fonds de terre n’aient rien coûté dans l’origine, l’offre de leur concours est nécessairement borné, et les bornes de la quantité offerte sont aussi l’un des éléments de la valeur. — J.-B. Say.