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Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/377

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CHAPITRE XXVII.

DE LA MONNAIE ET DES BANQUES.


On a déjà tant écrit sur la monnaie, que, dans le nombre des personnes qui s’occupent de cette matière, il n’y a guère que les gens à préjugés qui puissent en méconnaître les vrais principes. Je me bornerai donc à un aperçu rapide de quelques unes des lois générales qui règlent la quantité et la valeur de la monnaie.

L’or et l’argent, ainsi que toutes les autres marchandises, n’ont de valeur qu’en proportion de la quantité de travail nécessaire pour les produire et les faire arriver au marché. L’or est quinze fois environ plus cher que l’argent, non pas que la demande en soit plus forte, ni que l’argent soit quinze fois plus abondant que l’or, mais uniquement en raison de ce qu’il faut quinze fois plus de travail pour obtenir une quantité déterminée d’or.

La quantité de monnaie qui peut être employée dans un pays dépend de sa valeur. Si l’or seul était employé pour la circulation des marchandises, il n’en faudrait qu’un quinzième de ce qui serait nécessaire si l’argent était consacré à cette fonction.

La monnaie en circulation ne saurait jamais être assez abondante pour regorger ; car si vous en faites baisser la valeur, vous en augmenterez dans la même proportion la quantité ; et en augmentant sa valeur vous en diminuerez la quantité[1].

  1. « Les usages de l’or et de l’argent établissent donc en chaque lieu un certain besoin de cette marchandise ; et lorsque le pays en possède la quantité nécessaire pour satisfaire à ce besoin, ce qui s’introduit de plus, n’étant recherché de personne, forme des valeurs dormantes qui sont à charge à leurs possesseurs. » — J.-B. Say, liv. I, chap, 17.

    Dans une autre partie du même chapitre, M. Say dit que si, pour les communications intérieures d’un pays, il fallait l’emploi de mille voitures, et qu’on en possédât quinze cents, tout ce qui excéderait les mille serait inutile ; et de là il conclut que si un pays possédait plus que la quantité nécessaire de monnaie, l’excédant resterait sans emploi. (Note de l’Auteur).