Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/387

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de notre législation leur conservent le pouvoir d’accroître ou de réduire, sans contrôle et dans les proportions qu’ils jugeront conve-

    « On sera justement étonné que, malgré la leçons sévères des banqueroutes de 1793, 1814, 1815 et 1816, occasionnées d’une manière si funeste par le système des banques de province, il ne fut fait aucun pas en 1819, même après la reprise des paiements en espèces pour reconstituer ce système et le fonder sur des bases plus solides. Les nations sont des écoliers lents et rétifs, et il semble qu’une expérience complémentaire était nécessaire pour convaincre le parlement et le peuple d’Angleterre qu’il existait quelque chose de défectueux dans un système qui, dans deux circonstances antérieures, avait inondé le pays de banqueroutes, et qui décernait à tout individu, même pauvre ou sans principes, mais qui se sent porté à être banquier, le droit d’émettre des billets qui serviront comme monnaie dans les transactions habituelles de la société. La crise qui survint en 1825 et 1826 fut le résultat naturel de cet état de choses, et eût pu être prévue par tout individu instruit des principes sur lesquels doivent se baser les opérations des banques, ou de l’histoire précédente de ces banques dans le pays.

    « Ces événements persuadèrent enfin le Parlement et le public de ce dont ils eussent dû être convaincus longtemps avant, c’est-à-dire que le système des banques privées en Angleterre et dans les Galles était au plus haut degré faible et vicieux, et qu’il était impérieusement nécessaire de le réformer et le fortifier. Dans ce dessein, l’acte de 1708, limitant le nombre des associés d’une banque à six, fut rapporté avec le consentement de la banque d’Angleterre. Permission fut accordée d’établir des joint-stock banks, banques à fonds réunis ou par actions, composées d’un nombre illimité d’actionnaires, pour l’émission de billets payables, sur tous les points du territoire, mais au delà d’un rayon de soixante-cinq milles seulement, autour de Londres. On autorisa en même temps l’institution, à Londres, de joint-stock banks pour les dépôts ou banques destinées à prendre soin de l’argent de leurs commettants. Après les restrictions imposées aux paiements en espèces, en 1797, la Banque d’Angleterre commença à émettre, pour la première fois, des billets d’une livre, opération dans laquelle elle fut imitée par la plupart des banques de province. La première retira ses billets d’une livre peu après la reprise des paiements en espèces, en 1821 ; mais les billets similaires des banques de province continuèrent à circuler, et formèrent un des principaux canaux par lesquels elles faisaient pénétrer leur papier dans la circulation. Eh 1826, cependant, l’émission des billets d’une livre fut définitivement prohibée après une certaine époque spécifiée en Angleterre et dans les Galles ; et, depuis 1829, il ne fut plus permis de créer des billets de moins de cinq livres.

    « La dernière de ces mesures réparatrices, c’est-à-dire la suppression de billets d’une livre, a indubitablement fermé une des voies les plus aisées et les plus sûres dont se servaient les classes inférieures des banques de province pour écouler leur papier, et elle a été sous ce rapport très-avantageuse. Mais un grand nombre d’autres routes leur demeurent ouvertes ; et l’exemple de 1792-93, alors qu’il n’existait point de billets au-dessous de cinq livres en circulation, démontre