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Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/411

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2o Elle diminuerait de valeur, par l’augmentation de sa quantité ;

3o Elle pourrait augmenter de valeur en raison d’une plus forte demande ;

4o Elle pourrait diminuer de valeur, faute d’être demandée.

Comme il est cependant aisé de prouver qu’aucune chose ne peut avoir une valeur intrinsèque et fixe qui puisse la rendre propre à mesurer la valeur des autres denrées, les hommes ont été conduits à choisir, pour mesure pratique de la valeur, la matière qui parait le moins sujette à varier de valeur par l’une ou l’autre des quatre causes ci-dessus énoncées, et qui sont les seules qui fassent changer la valeur des choses[1].

  1. Si l’esprit humain, dans ses recherches, n’avait pas l’habitude de viser trop haut ou trop bas, comme un tireur novice ; si la vérité n’avait pas pour caractère distinctif d’être la dernière formule qui nous apparaisse, dans les sciences comme dans les lettres, comme dans les nouveaux mondes qu’on découvre ; si, enfin, il ne fallait pas des prodiges de sagacité et de raisonnement pour extraire de l’infinie diversité des phénomènes sociaux un corps de doctrines, et pour poser une sciences en équilibre sur des principes fondamentaux, on pourrait s’étonner à bon droit de la lutte étrange qui s’est établie entre les économistes, au sujet de la détermination théorique et pratique des prix. Les uns n’admettent que l’influence des frais de production, les autres rejettent tout ce qui ne relève pas de la grande loi de l’offre et de la demande. Ricardo marche et combat à la tête des premiers, J.-B. Say à la tête des seconds, et les critiques ou les enthousiasmes, soulevés par la célèbre théorie de la rente, n’ont pas d’autre origine que ce duel entre deux idées, entre deux notions parfaitement conciliables, nécessairement conciliables même, selon nous. Quoique l’éclectisme ne nous séduise pas plus en économie politique qu’en philosophie, et quoique nous répugnions fort à ces accouplements monstrueux que l’on se plaît à imposer à des doctrines qui se repoussent invinciblement, nous ne pouvons laisser s’isoler ici deux lois que l’on a cru complètes, prises séparément, et qui ne sont que les fragments désunis de la même vérité. C’est à réunir ces fragments, à souder ces membres arbitrairement et systématiquement disjoints que nous allons viser.

    Qui ne voit, en effet, que ces deux termes : frais de production, offre et demande, sont le résumé scientifique de toutes les opérations commerciales. C’est l’apostrophe et la réplique du dialogue qui naît entre l’acheteur et le vendeur : — l’un demandant une somme suffisante pour couvrir l’intérêt de ses capitaux, balancer les risques de sa spéculation, rétribuer généreusement son temps et son habileté ; l’autre calculant l’utilité du produit amené sur le marché, et s’interrogeant sur l’importance du sacrifice qu’il peut et doit faire pour l’obtenir. Faites que ces deux exigences ne soient pas satisfaites : rompez l’équilibre entre la somme de travail qu’il s’agit d’échanger, et l’échange ne s’effectuera pas. Si les frais de production ne sont pas couverts, le produit ne sera plus créé : car on trouve bien des Curtius pour combler les abîmes politique, mais on ne trouve pas des capitaux toujours prêts à