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Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/439

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des primes, on voit que je suis entièrement de l’opinion de M. Malthus. J’ai cité le passage de son ouvrage intitulé : Observations relatives aux céréales, pour montrer combien le sens que cet écrivain, dans cet écrit, attache à l’expression prix réel, diffère de celui qu’il lui donne dans sa brochure intitulée : Motifs d’une Opinion, etc. Dans ce passage, M. Malthus nous dit que « c’est la hausse du prix réel du blé qui seule peut en encourager la production, et par prix réel il est clair qu’il veut désigner l’augmentation de sa valeur relativement à toutes les autres choses, ou, en d’autres termes, la hausse de son prix courant au-dessus de son prix naturel. Si c’est là ce que M. Malthus entend par prix réel, son opinion est certainement fondée ; c’est en effet le surhaussement du prix courant du blé qui seul en encourage la production ; car on peut regarder comme principe infaillible que la seule chose qui puisse encourager l’augmentation de production d’une denrée, c’est l’excès de sa valeur courante sur sa valeur naturelle ou nécessaire.

Mais cette acception n’est pas celle que, dans d’autres endroits, M. Malthus donne à l’expression prix réel. Dans l’Essai sur la Rente, il dit : « Par prix réel croissant du blé, j’entends la quantité réelle de travail et de capital qui ont été employés pour produire les dernières additions qui ont été faites au produit national. » Dans un autre endroit, il dit que « la cause du prix réel et comparativement élevé du blé, est la plus grande quantité de capital et de travail qu’on doit employer pour sa production[1]. » Si, dans le passage précédent, l’on substituait à l’expression de prix réel la définition de M. Malthus, n’aurait-il pas le sens suivant ? Il est clair que c’est l’augmentation du travail et du capital qu’il est nécessaire d’employer pour la production du blé qui peut seule en encourager la production. » Il vaudrait autant dire, que c’est évidemment la hausse du prix naturel et nécessaire du blé qui en encourage la production — proposition tout à fait insoutenable. Ce n’est pas le prix auquel on peut produire du blé qui peut influer sur la quantité pro-

  1. En montrant ce passage à M. Malthus, au moment où ces feuilles allaient être livrées à l’impression, il observa que « dans ces deux passages, il avait, par » inadvertance, employé l’expression prix réel au lieu de frais de production. » D’après ce que j’ai déjà dit, l’on verra, que je pense, au contraire, que dans ces deux cas il a employé l’expression de prix réel dans son acception vraie et exacte, et que ce n’est que dans le passage cité plus haut que cette expression est inexacte. (Note de l’Auteur.)