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Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/614

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Lorsqu’il étudie un commerce de céréales, dégagé de toutes restrictions et alimenté en conséquence par les approvisionnements de la France et des autres pays où le prix du blé, sur le marché, ne s’élève pas beaucoup au-dessus de celui auquel nous pouvons l’obtenir sur quelques-unes de nos terres les plus pauvres ; lorsque, dis-je, il étudie ce phénomène commercial, M. Malthus ne tient pas assez compte de la quantité supplémentaire qu’on créerait au dehors, si notre pays adoptait, comme situation normale, un système fixe d’importations. Certes, si tous les pays à blé pouvaient s’en fier aux marchés de l’Angleterre pour des demandes régulières ; s’ils étaient assurés contre les oscillations perpétuelles de notre législation alimentaire, qui se traduisent alternativement par des bonifications, des restrictions ou des prohibitions, nul doute que la culture générale ne se multipliât largement, et que les dangers d’un approvisionnement insuffisant, déterminé par de mauvaises saisons, ne devinssent moins probables. Des pays qui n’ont jamais contribué à notre approvisionnement pourraient, sur la foi d’une législation immuable, diriger sur nos marchés de vastes exportations.

C’est précisément à de telles époques que l’intérêt des nations étrangères serait plus particulièrement attaché à satisfaire nos demandes. Car la valeur échangeable du blé ne grandit pas seulement en proportion de l’insuffisance de l’offre, mais deux, trois, quatre fois plus rapidement, suivant l’importance de la disette. Si la consommation de l’Angleterre est dé 10 millions de quarters vendus, année moyenne, au prix de 40 millions, en numéraire, et si l’approvisionnement se trouve diminué d’un 1/4, les 7 millions 500 mille quarters ne se vendront pas seulement 40 millions, mais probablement 50 millions et plus. Il en résulte que dans tous les cas de mauvaises récoltes, les pays cultivateurs se contenteront de la plus petite quantité de produits alimentaires, et profiteront des prix élevés de l’Angleterre pour écouler la masse entière du blé ravi à la consommation ; car le prix du blé s’accroît non seulement par rapport à la monnaie, mais encore par rapport aux autres denrées., Si les producteurs de céréales suivaient une autre marche, ils se placeraient, quant à la richesse, dans une situation bien inférieure à celle où ils se trouveraient, s’ils avaient constamment limité la culture du blé aux besoins de leur propre nation.

S’ils ont consacré un capital de 100 millions à la production nécessaire pour leur propre subsistance, et 25 millions de plus à celle du contingent d’exportation, ils perdront dans l’année de disette le