Aller au contenu

Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/617

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rait à la nation des sacrifices bien supérieurs aux bénéfices que les fermiers pourraient en recueillir ; mais il serait juste cependant d’établir pendant quelques années des droits restrictifs sur l’importation des céréales. On déclarerait qu’au bout de ce temps le commerce du blé serait libre, et que les quantités importées seraient soumises seulement à un droit égal à celui que l’on pourrait juger convenable d’imposer au blé de notre propre territoire[1].

M. Malthus est évidemment dans le vrai quand il dit : « Si seulement l’on étendait au loin les brillantes méthodes appliquées actuellement à la culture de quelques parties de la Grande-Bretagne ; si par une accumulation progressive et par une distribution plus équitable du capital et de l’art, on ramenait toute la surface du pays aux avantages naturels du soi et de sa situation topographique, la masse des produits supplémentaires serait immense et suffirait pour alimenter un très-grand surcroît de population.

Cette réflexion est vraie et, de plus, éminemment consolante. Elle montre que nos ressources sont loin d’être épuisées et que nous pouvons prétendre a un développement de prospérité et de richesse bien supérieur à celui de tous les peuples qui nous ont précédés. Mais ces résultats peuvent se réaliser également dans un système d’importation et dans un système de restriction. La seule différence éclatera dans la rapidité de leur marche, et rien ne s’oppose à ce que nous profitions, à chaque phase de notre vie nationale, de l’ensemble des avantages qui nous sont offerts ; rien ne s’oppose à ce que nous utilisions notre capital de manière à nous assurer les plus riches résultats. M. Malthus a, comme je l’ai déjà dit, comparé la terre à une grande réunion de machines susceptibles à la fois d’être incessamment perfectionnées par les efforts directs du capital, et cependant caractérisés

  1. Je ne partage aucunement la doctrine d’Adam Smith, ou de M. Malthus relativement à l’effet des impôts établis sur les denrées nécessaires à la vie. Le premier ne trouve pas de termes assez énergiques pour les caractériser ; M. Malthus est plus indulgent. Tous deux pensent que ces taxes tendent beaucoup plus rigoureusement que les autres à diminuer le capital et la production. Je ne prétends pas y voir le beau idéal des taxes : mais je ne pense pas non plus qu’ils nous assujettissent au cortège de maux qu’Adam Smith leur assigne relativement au commerce intérieur, ni qu’ils produisent des conséquences très-différentes des autres impôts. Adam Smith prétendait que ces sortes de droits pesaient exclusivement sur le propriétaire. M. Malthus pense qu’ils se divisent entre le propriétaire et le consommateur, Selon moi, ils sont acquittés intégralement par le consommateur.