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Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/66

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objets de consommation de l’ouvrier, son aisance se trouverait probablement augmentée, quoique la valeur échangeable de ces objets, comparée à celle des objets dont la fabrication n’aurait éprouvé aucun perfectionnement remarquable, se trouvât considérablement réduite, et qu’on les obtint par une quantité bien moindre de travail.

Il n’est donc pas exact de dire avec Adam Smith ; « que puisque le même travail peut quelquefois acheter une plus grande, et quelquefois une plus petite quantité de marchandises, c’est la valeur des marchandises qui change, et non celle du travail. » Et par conséquent, « que la valeur du travail étant la seule qui soit invariable, elle seule peut servir de mesure fondamentale et exacte au moyen de laquelle on puisse en tout temps et en tout lieu estimer et comparer la valeur de toutes les denrées ou marchandises. » Il est cependant exact de dire, ainsi que Smith l’avait avancé auparavant, « que les quantités proportionnelles de travail nécessaires pour obtenir chaque objet, paraissant offrir la seule donnée qui puisse conduire à poser une règle pour l’échange des uns contre les autres » ; ou, en d’autres mots, que c’est la quantité comparative de denrées que le travail peut produire, qui détermine leur valeur relative présente ou passé, et non les quantités comparatives de denrées qu’on donne à l’ouvrier en échange, ou en paiement de son travail.

Deux marchandises varient, je suppose, dans leur valeur relative, et nous désirons savoir celle qui a subi cette variation, cette transformation. En comparant l’une d’elles avec des souliers, des bas, des chapeaux, du fer, du sucre et toutes les autres marchandises, on trouve que sa valeur échangeable est restée la même ; en comparant l’autre avec les mêmes objets nous trouvons, au contraire, que sa valeur échangeable a varié ; cela seul nous autorise suffisamment à dire que la variation porte sur cette marchandise déterminée et non sur tous les autres objets avec lesquels on l’a comparée. Si, en pénétrant plus avant dans toutes les circonstances relatives à la production de ces différents objets, nous reconnaissons qu’il faut la même quantité de travail et de capital pour produire des souliers, des bas, des chapeaux, du fer, du sucre, etc. ; mais que la production de telle marchandise désignée est devenue moins coûteuse et moins lente, la probabilité se change en certitude. On peut dire alors hardiment que la variation de valeur retombe uniquement sur cette marchandise, et on découvre ainsi la cause de cette variation.