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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/119

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Mémoires sur le Canada, 1749-1760[1]. Parkman se garde bien de dire que cet ouvrage est anonyme, que son auteur professait une haine voltairienne à l’égard du clergé, qu’il devait faire partie de la bande de pillards dont l’intendant Bigot était le chef : à preuve c’est qu’il se montre assez partial envers ce dernier pour le qualifier d’homme probe. L’amertume de cet écrivain envers les prêtres saute tellement aux yeux que Murdoch, qui le cite en passant, sur d’autres faits, a l’honnêteté de mettre en doute sa véracité : « Il est bon de se rappeler cependant que nous avons puisé nos renseignements concernant Le Loutre à des sources hostiles aux prêtres de son Église, — les Français de cette époque étant imprégnés de la philosophie de Voltaire[2] ». C’est ainsi que

  1. Le titre original est : Mémoires du S. de C. contenant l’Histoire du Canada, durant la guerre, et sous le gouvernement anglais. La Québec Historical Society a fait imprimer ce MS. en 1838, avec Introduction par Faribault. Ce dernier croit que l’auteur de ces Mémoires est M. de Vauclain. Opinion inadmissible, dit Kingsford. Le nom du chevalier Johnstone a été mentionné également. Mais cela n’est pas plausible. D’après Kingsford, il semblerait que ces Mémoires sont de Franquet : « Since the perusal of Frauquet’s diaries, I have again read the Mémoire with the theory that he was possibly the author. There is one point worthy attention, the consideration shown Bigot, although with no désire to hide his peculations. Franquet had partaken of Bigot’s hospitality and was impressed with the good side of his character. Undoubtedly he intimately knew the society so graphically described. » — Kingsford. Hist. of Canada, vol. III, Note de la page 577-8.
  2. « It must nevertheless be remembered that we hâve derived our information of this person from sources not friendly to priests of his church, — the French of that period being tinged with the philosophy of Voltaire. » {History of N. S. vol, 2, ch. XIX, p. 271.)

    Il nous semble que ce que Murdoch dit ici s’applique également aux Mémoires sur le Canada et aux documents provenant de Pichon. À partir du ch. XIII, l’historien de la Nouvelle-Écosse cite assez fréquemment ces deux sources, et le jugement qu’il en porte dans son ch. XIX, après qu’il a fini de tracer, d’après leurs données, le portrait de Le Loutre, renferme sa pensée à l’égard de l’une et de l’autre : toutes deux lui paraissent tendancieuses au même degré.