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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/176

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Amérique, les mœurs des sauvages s’étaient bien humanisées, et très probablement grâce aux missionnaires, à ce point que l’usage d’enlever les chevelures des ennemis fut remplacé par celui de faire des prisonniers que l’on relâchait ensuite contre rançon.

Il est facile de comprendre que les hostilités et les cruautés exercées par les sauvages contre des colons sans défense aient eu l’effet d’exaspérer à un haut degré la population. De bonne foi l’on pensa que le meilleur moyen d’y mettre fin était de porter chez eux la terreur en se servant de leurs propres moyens. C’était une erreur à tous les points de vue, c’était provoquer la répétition de leurs actes, éterniser leurs haines, fausser et retarder leur civilisation. Au moins eût-il fallu leur donner des preuves de vie sociale supérieure en respectant les conventions, en épargnant la vie des femmes et des enfants. Ces sauvages étaient aussi sensibles à la gratitude que prompts à la vengeance ; et jamais les Français n’eussent pu conquérir sur eux l’influence dont ils jouissaient dès longtemps, s’ils n’eussent respecté leurs droits, et s’ils ne se fussent interdit de commettre des actions semblables à celles que nous venons de raconter.

Tous ces sauvages du Nouveau-Brunswick et du Maine : Malécites, Abénaquis, Medoctètes, formaient avec les Micmacs de l’Acadie une grande famille unie par les liens du sang et de l’amitié. Ce qui était fait à l’une de ces tribus était ressenti, et pendant longtemps, par toutes les autres, comme une injure personnelle. Il n’est pas étonnant, dès lors, que les sauvages de l’Acadie aient toujours été les ennemis personnels des Anglais.