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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/239

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avaient prêté, et que l’on avait accepté, comportait une réserve. Mais alors, l’acceptation de ce serment n’avait donc été qu’une duperie, puisqu’elle ne leur donnait pas droit au titre de propriété ? Que si nous faisons erreur sur la portée de la lettre de Lawrence, nous pouvons du moins en tirer cette autre conclusion, à savoir que l’on devait se soucier bien peu de mettre un terme aux différends des Acadiens, pour n’avoir pas fait exécuter cet arpentage de leurs terres, lequel était la manière toute simple de les régler.

Priver les Acadiens d’octrois nouveaux pour répondre à l’expansion de la population n’était pas une injustice assez grande, il fallait encore méconnaître leur droit aux terres morcelées qu’ils possédaient en vertu d’un traité. L’on exigeait d’eux un serment sans réserve, lequel ne leur eût même pas donné des titres à de nouvelles concessions, puisque cela était un privilège accordé « aux seuls sujets protestants ». Alors, les Acadiens se trouvaient donc réduits à la condition de parias. Il leur restait peut-être l’alternative d’acheter des terres de ces anglais qui avaient acquis à si bon compte une concession de 100,000 acres, autour des établissements des Mines et de Beaubassin[1] ; mais l’on comprendra que leur situation précaire était propre à les détourner de pareils achats. D’ailleurs, était-il bien sûr que ces acquisitions n’eussent pas été annulées plus tard, conformément au principe énoncé plus haut par Lawrence ?


Les considérations que nous venons de faire donnent un aperçu des plans longuement mûris par Lawrence. La suite montrera qu’il est bien impossible de mettre la main sur un

  1. Cf. notre tome premier, chapitre x et Appendice vii.