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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/252

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prêter serment à Sa Majesté, (et ils ne le prêteront pas tant qu’ils n’y seront pas forcés,) et tant qu’ils auront parmi eux des prêtres français qui les poussent à la révolte[1]nous pouvons certes renoncer à tout espoir de les voir s’amender. Comme ils possèdent les terres les meilleures et les plus larges de la Province, la colonisation ne peut pas avancer ici tant qu’ils demeureront dans une pareille situation. Et, bien que je sois très éloigné de vouloir adopter cette mesure sans avoir l’approbation de vos Seigneuries, cependant, ma ferme opinion est que, si les Acadiens refusent de prêter serment, il vaudrait mieux alors qu’ils fussent partis[2] … »

Pourquoi donc ce changement de ton chez Lawrence, lorsque, quelques semaines auparavant, il invitait les Acadiens émigrés à rentrer dans le pays ? La raison en est bien simple, c’est que, ainsi que d’ailleurs son langage le laisse voir assez clairement, il venait de décider dans son esprit la déportation[3]. Jusque-là, il n’avait été que Président du Conseil, en attendant le retour de Hopson. Mais il devait savoir déjà que ce dernier ne reviendrait pas, et que sa nomination au poste de Lieutenant-Gouverneur était assurée. Elle fût officielle, en effet, quelques semaines après[4].

  1. And have incendiary French Priest among them.
  2. And tho’I would be very for from attempting such a step without your Lordship’s approbation, yet I cannot help being of opinion that it would be very much better, if they refuse the oaths, that they were away.
  3. Voici une réflexion qui a sa place toute marquée ici : « … dans la vie en société qui est presque toute dominée et mue par la parole, les hommes ont commencé de rendre possible un événement, fût-ce un crime, dès la minute où ils en ont énoncé l’idée. »

    M. Henri Vaugeois, dans ce chef-d’œuvre Enquête sur la Monarchie. de M. Charles Maurras. P. 175. (Paris, Nouv. Libr, Nation. — 1916.)

  4. Cf. Can. Arch. (1894) Aug. 6. 1754. Whitehall. Lords of Trade to the King. « Transmit proposed commission to Lawrence, to be Lieut.-Governor of Nova Scotia. » B. T. N. S, vol. 36. P. 53 « Commission follows. » P. 54. « The order