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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/292

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grets. Beaucoup se transportèrent, avec leurs familles et leurs bestiaux, sur l’Ile Saint-Jean (Prince-Édouard.) Comme cette île appartenait sans conteste à la France, ils pourraient y occuper des terres, sans courir le risque de retomber dans la situation qui avait été cause de leur départ. Là encore, cependant, leur position serait longtemps dangereuse et précaire. Cette île, longue et étroite, les laisserait sans cesse exposés, en cas de guerre, aux déprédations des corsaires et aux horreurs d’une invasion. Comme ils n’avaient pas le choix, le grand nombre préféra pourtant cette alternative[1].

Ainsi que nous l’avons vu, ceux des Acadiens qui étaient restés à Beauséjour avaient adressé une requête au gouverneur Hopson, exprimant leur désir de retourner sur leurs terres, si on les exemptait de porter les armes. Leur proposition avait été rejetée. Dans les premiers mois de son administration, alors qu’il n’avait pas encore formé[2] ses sinistres projets, Lawrence leur avait fait des ouvertures par

  1. Cf. Can. Arch. (1887) Île Roy. C. G. 1751, vol. 30. M. Desherbiers, gov. Nov. 1/1751. M. Prévost to Minister « …the refugee Acadians amount this year to 2,000 on the two Islands… »

    Arch. Can. (1905) vol. II. p. 378. Bigot au Ministre. Québec, 20 Aoust 1750.

    « M. de Bonnaventure commandant à l’Isle St-Jean m’écrit du 22 juillet que les Acadiens se réfugiaient dans cette Isle avec grande précipitation, qu’ils y amènent même leurs bestiaux, il y a cinq ou six batimens qui ne sont occupés qu’à ces transports… »

    Id. Ibid. P. 380-1.

  2. Le mot formé ne nous semble pas juste (MS. fol. 470). — Car l’idée de la déportation, comme seule mesure propre à résoudre radicalement la question acadienne, s’était présentée dès la première heure à l’esprit de Lawrence. Ce que Richard a voulu dire ici, c’est plutôt que le gouverneur n’avait pas encore, à l’époque dont il parle, arrêté les détails de son plan, la manière exacte, les circonstances de temps et de lieu selon lesquelles il l’exécuterait. Par les ex-