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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/381

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tionnellement délicates, les Acadiens n’avaient pas une seule fois pris les armes ; que, sous Cornwallis et Hopson, il n’en avait pas été autrement.

Souvent, il est vrai, l’on s’était plaint de leur défaut d’attachement à leurs nouveaux maîtres, de leur partialité envers les Français, de leur opiniâtreté sur la question du serment. Mais rien de plus grave n’avait été avancé à leur sujet. L’on tenait à les garder dans le pays ; l’on savait qu’ils composaient une population morale et laborieuse. Qu’auraient pensé les Lords des projets de Lawrence, même présentés sous des formes adoucies, s’il leur eût appris qu’il avait enlevé aux Acadiens une partie de leurs armes par supercherie ; que le reste, ainsi que leurs bateaux, lui avait été livré sur un simple ordre ; qu’il avait fait appréhender leurs prêtres et ravir leurs Archives ? Que, malgré ces cruels traitements, il n’avait aucun acte de rébellion ou de résistance à leur reprocher ? Que tout ce qu’il pouvait relever contre eux se bornait à une requête, qu’il disait être insolente, mais sans la produire à l’appui, sans l’expliquer, sans mentionner que les députés lui en avaient adressé une autre, pour interpréter la première et protester de leurs bonnes intentions ? — Les Lords n’auraient-ils pas répondu de la sorte à Lawrence : par vos procédés injurieux et arbitraires, vous avez exposé la province à un soulèvement ; vous avez semé le mécontentement et la méfiance chez une population que nous cherchions à nous assimiler, ou du moins à attacher à nos intérêts. Vous avez détruit ou compromis l’œuvre que nous poursuivions avec sollicitude depuis longtemps. Et, puisque les Acadiens ont subi vos humiliations et vos cruels traitements sans rompre la paix, sans violer leur serment de fidélité, n’était-ce pas là un signe sensible de leurs bonnes dispositions ? Et, puisqu’ils n’ont ni bateaux pour s’éloigner.