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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/521

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ceux-ci deviennent propriétaires de lots au fief Godfroy et c’est en 1771 que se marient les trois frères Hébert.

Avec sa première femme, Osithe Leblanc, Jean Leprince n’eut qu’un fils, Jean né en 1762, et non en 1754 ; avec Marie Darois il en eut trois : Joseph né ers 1764, s. en décembre 1784, âgé d’environ 20 ans, Jean Bte. né vers 1766, et Marguerite b. à Bécancourt, 11 sept. 1769. Tous sont notés comme mineurs dans l’acte d’inventaire des biens de sa succession, 19 juillet, 1781. Sa seconde femme l’avait précédé dans sa tombe et lui-même mourut le 5 juillet, 1781, et fut enterré à Bécancourt. Il avait 56 ans.

Mais quel était le père de ce Jean Leprince ?… J’ai déjà affirmé que c’était un frère de Jean, marié à Jeanne Blanchard. Le rapports que ce Leprince eut avec Marie Leblanc, épouse de Françoise Beliveau, sous les soins de laquelle il fit sa dernière maladie, m’autorisent à conclure qu’il était l’oncle et le protecteur de cette orpheline que les événements de 1755 avaient séparée du reste de sa famille, de cette fille d’Anne Leprince et de Sylvain Leblanc, mort à Liverpool en 1756.

En 1763, Anne Leprince passa en France avec les autres Acadiens détenus en Angleterre. En 1767, elle demeurait à Morlaix avec ce qui lui restait de sa famille ; mais sa fille, Marie Leblanc, après avoir été adoptée par son oncle Jean Leprince, était passée avec lui au Canada, et est devenue à St-Grégoire, l’ancêtre des Beliveau dit François.

Mais Anne Leprince était fille d’Antoine Leprince[1] et d’Anne Trahan, donc notre Jean Leprince, qui était son frère, avait les mêmes parents »

Toutefois ce fut son cousin issu de germain, Michel Leprince qui fut nommé tuteur de ses enfants avec François Beliveau comme subrogé-tuteur ; et dès le 19 juillet 1781, moins de quinze jours après la mort du dit Jean Leprince, il fut procédé à l’inventaire de tous les biens de sa succession, laquelle s’est élevée à une somme assez rondelette, preuve du travail et de l’économie qui avaient régné dans ce ménage.

Le 1er mars 1783, Jean Leprince fils, étant arrivé à sa majorité, fut mis en possession de la part qui lui revenait de la succession, c’est-à-dire du tiers de la masse, comme seul héritier de sa mère, Ozithe Leblanc, et du quart du second tiers comme co-héritier de son père, avec ses deux autres frères et sa sœur ; pour un tiers dans la part de leur mère Marie Darois.

L’héritage que venait de toucher Jean Leprince n’en faisait pas un richard, mais il le mettait dans une condition relativement aisée au milieu de ses compatriotes et lui permettait de choisir son épouse dans l’une des meilleures familles. Ce fut chez Antoine Bénony Bourg qu’il alla jeter ses filets, auxquels se laissa bientôt prendre mademoiselle Rosalie. Le mariage eut lieu à Bécancourt le 24 janvier 1785. Le même jour, Bénony Bourg mariait l’unique garçon

  1. Déclaration de Jean Leblanc, Doc. sur l’Acadie, p. 43.