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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/85

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tard, mais avis en fut donné longtemps à l’avance aux intéressés, et privilège leur fût accordé de vendre ou d’emporter tout ce qu’ils possédaient. Un pays constitutionnel comme l’Angleterre était-il tenu à moins ? Puisque les

    pris que les Mennonites étaient excellents comme colons, les invita, en 1786, à venir s’établir en Russie. Trois ans après, 228 familles mennonites y arrivaient. Plusieurs autres suivirent. Des privilèges nombreux leur furent accordés, entr’autres exemption à perpétuité du service militaire (un art. du credo mennonite défendait de porter les armes, et cet article reposait sur une fausse interprétation de textes bibliques et évangéliques, comme tout le reste de leur étrange doctrine, d’ailleurs). L’immigration des Mennonites en Russie se continua jusqu’en 1817. Depuis lors, ces sectaires reçurent d’autres preuves de bon vouloir de la part du gouvernement impérial. Mais dans la seconde moitié du 19e siècle, les conditions changèrent. En 1871, sous Alexandre II, dit le « Tsar libérateur », (1855-1881), un édit adressé à tous les Mennonites de l’empire leur signifiait que leur privilège d’exemption du service militaire expirerait dans dix ans. On leur accordait ce laps de temps pour voir à aller se fixer ailleurs. Car l’on savait que ces fanatiques ne renonceraient pas à leurs idées là-dessus, et d’autre part, c’était l’époque où, selon l’expression de Rambaud, « la situation nouvelle faite à l’Europe par le développement de la puissance militaire prussienne, obligea aussi l’empire des Tsars à réformer son système d’armée. La loi de 1873 y pourvut : elle dispose que tous les sujets russes, sans distinction de condition ou de nationalité, seront soumis à l’obligation du tirage au sort ». En 1881, sous Alexandre III, (1881-1894) les Mennonites quittèrent la Russie et l’Europe et vinrent en Amérique où ils achetèrent d’immenses propriétés (ils étaient économes, travailleurs et s’étaient enrichis), dans les prairies du sud et de l’ouest américain. — Le fondateur de cette secte fut Menno Simons, né à Witmarsum, (Friesland), en 1492, mort à Oldesloe, (Holstein), en 1559 ou 1561. Avait été ordonné prêtre catholique et fait curé de Pingium en 1524. Vers 1536, renonça au sacerdoce et au catholicisme, et devint évangéliste en Hollande, en Allemagne et jusqu’en Livonie. — Il y a eu des Mennonites aux États-Unis, dès 1683. À la demande de William Penn, qui les avait rencontrés en Europe, et qui avait été frappé de leur affinité avec les Quakers, ils vinrent fonder Germantown, et de là se répandirent dans les États de l’Union, mais c’est en Pennsylvanie qu’ils sont les plus nombreux. En tout et partout en Amérique, l’on en compte aujourd’hui 55,554, avec 1112 ministres et 673 temples. Mais ils n’ont entre eux ni union doctrinale ni lien disciplinaire. Ils forment 12 corps indépendants l’un de l’autre. — Lors de l’émigration de 1881, un grand nombre vinrent s’établir dans l’Ouest Canadien, sur les bords de la Rivière Rouge et ailleurs dans ces vastes régions. Le