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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/188

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Histoire

m’a-t-il dit, que cette victoire m’a peu couté, & que j’ai peu de sujet d’en faire gloire. La conscience du Ravisseur étoit contre lui, & celle de ses Valets étoit pour moi. Les miens sont d’honnêtes gens, qui aiment leur Maître. Dans une bonne cause, je parierois pour ces trois hommes contre six, qui en soutiendroient une mauvaise. Le vice est ce qu’il y a de plus lâche au monde, lorsqu’il est attaqué avec résolution : & que peuvent craindre d’honnêtes gens, qui défendent la justice & la vertu ?

Il paroît que Sir Hargrave est retourné à la ville. L’Infâme ! Quelle figure doit-il faire à ses propres yeux ! Sir Charles raconte qu’en passant à Smalburygreen, les Gardes de la barriere ont fait à ses gens l’histoire d’un vol tragique & sanglant, commis le même jour, à deux milles de Honslow, par cinq ou six Brigands à cheval ; ils ont ajouté que le Gentilhomme, qui a eu le malheur d’être volé dans un carrosse à six chevaux, étoit passé une demie heure auparavant par la barriere, couvert de blessures ; qu’ils lui avoient entendu pousser des gémissemens, & qu’il alloit faire ses dépositions à la Justice de Londres. Un autre commentaire, nous dit Sir Charles en souriant, c’est que pendant le récit des Gardes, un homme à cheval s’est arrêté pour l’entendre, a prétendu que c’étoit un faux bruit, & qu’il n’étoit pas question de vol ; mais d’une querelle entre deux Petits-Maîtres, dont l’un avoit enlevé à l’autre une fort jolie Maîtresse.