Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
Histoire

ce que pour vous paroître impartiale, malgré la reconnoissance & la vénération que je lui dois. Mais s’il juge que le but de la Nature, en donnant des queues à ces nobles Animaux, n’a pas moins été de leur fournir une défense contre d’importuns insectes, que d’ajouter un ornement à leur beauté, & s’il n’a pas d’autre vue que de les soulager, comme ses gens même l’ont dit à M. Reves ; croyez-vous, ma chere, que ce motif mérite quelque blâme, & que l’humanité, dans un exemple de cette nature, ne marque point ce qu’on peut attendre du même cœur, dans les grandes occasions ?

Avec l’air vif & galant, avec tout l’éclat que je vous ai représenté dans Sir Charles, vous jugerez aisément que sans un effroi mortel, sans la crainte du traitement dont je me croyois menacée, & si j’avois eu le moindre espoir d’une autre protection, je n’aurois pas imité l’Oiseau poursuivi par un Vautour, suivant la comparaison de Sir Charles, que M. Reves m’a répétée, & qui me paroît exprimer assez tendrement ma situation, mais qui me laisse quelque embarras, lorsque je m’en rappelle les fâcheuses circonstances. En vérité, ma chere, j’ai peine encore à ne pas baisser la vue, au souvenir de la figure que j’ai dû faire en habits de Bal ; les bras autour du cou d’un jeune homme… Trouvez-vous rien de plus humiliant que cette idée ? Cependant, ne suis-je pas peut-être ici dans le cas de cette fausse