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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/276

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Histoire

Les agitations de mon cœur m’ont obligée de quitter la plume. Voyez les traces de mes larmes sur mon papier. Il est trop tard pour faire partir aujourd’hui ma Lettre ; & quand il en seroit tems encore, il y auroit de la barbarie à vous faire partager les tourmens d’une si cruelle incertitude.

Dimanche au matin.

Il m’est impossible d’écrire avec un peu d’attention. Je n’ai pas fermé les yeux de toute la nuit, & je les crois enflés à force de pleurer. M. Reves s’est déterminé à ne pas faire un pas, avant le retour de Sir Charles ou de Miss Grandisson ; c’est-à-dire, sans avoir consulté l’un ou l’autre. Cependant il a pris des mesures certaines, pour être informé de tous les mouvemens de cet odieux Hargrave. On nous assure que dans l’aventure de ma délivrance, il a perdu trois de ses plus belles dents. Dieu ! ma chere, quelle mortification pour un homme si vain de sa figure ! Jugez de ses emportemens.

M. Reves sera informé aussi du retour de Sir Charles, au moment de son arrivée. On lui a dit à l’oreille que Sir Hargrave est enfermé sans cesse avec un Maître d’armes. Ô ma chere ! cette circonstance me met hors de moi.

Je me suis soumise au jugement de M. Reves, qui, regardant ce Bagenhall