Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/29

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mes de son âge, étouffe dans les plus hardis toute espérance d’une familiarité trop libre. Sur ma foi, j’ignore comment elle s’y prend ; mais je ne dis rien que je n’éprouve. Elle badine, elle raille avec finesse, & je ne puis lui rendre ses plaisanteries. L’amour, dit-on, releve ce qu’on adore. C’est peut-être ce qui me tient en bride.

À présent, doutez-vous, Madame, de ma réponse à votre seconde question, si l’amour m’a mis au rang de ses admirateurs particuliers ? J’y suis ; & le diable m’emporte si je puis m’en défendre. Cependant je ne suis point encouragé ; & personne ne l’est, c’est ma consolation. Fenwick en tient plus que moi, s’il est possible. Notre connoissance a commencé par une querelle à cette occasion, & vous en avez su les suites. Mais à present nous sommes Amis jurés.

Chacun est convenu de tenter fortune, par la patience & la persévérance ; d’autant plus que l’un n’a pas plus à se louer de son bonheur que l’autre[1]. « À la verité, nous avons fait abandonner le terrein à quelques douzaines d’autres Admirateurs. Le pauvre Orme ne laisse pas de tenir bon. Mais il nous cause peu d’inquiétude, c’est un Larmoyeur ; & quoiqu’il ait une ouverture par sa sœur, qui voit souvent Me. Selby, & qui étant fort estimée dans cette

  1. Ce qui suit est un des endroits que Mr. Greville s’étoit efforcé de rayer.