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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/327

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du Chev. Grandisson.

Insectes. Voulez-vous en être ? C’est-à-dire du nombre des curieux, ai-je répondu en souriant. Elle a rougi de l’équivoque ; mais reprenant d’un ton sérieux, elle a dit qu’elle n’avoit jamais vu de collection d’Insectes, sans admirer beaucoup plus l’Auteur de ces admirables productions, que ceux qui passent leur vie à les recueillir ; & puis, a-t-elle ajouté avec ses graces ordinaires, que penser d’un Amant qui s’amuse des aîles colorées d’un Papillon, lorsqu’une belle Dame fait le Papillon du matin au soir pour occuper son cœur & ses yeux ?

Mylord est excessivement amoureux. Qui ne le seroit pas de Miss Grandisson ? Mais je la crois trop supérieure à lui. Quel parti prendre, pour une femme qui se voit recherchée d’un homme dont les talens sont inférieurs aux siens ? Faut-il qu’elle renonce à ses avantages naturels ? Les doit-elle ensevelir uniquement pour relever l’homme dont elle est aimée ? Elle n’a pas le droit de choisir, comme ce sexe, elle n’a que celui du refus ; & pour peu qu’elle desire de plaire à ses Parens, elle ne l’a pas toujours. Cependant on entend dire que les femmes ne doivent point encourager les sots & les ridicules, & que leur préférence doit se déclarer pour les hommes sensés. Fort bien. Mais que feront-elles, si leur malheur les condamne à ne rencontrer que des sots ? Le goût du siecle, parmi les hommes, n’est-il pas la parure, les équipages & toutes les