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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/340

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Histoire

mes agitations que moi, n’a pu se contenir en le voyant entrer dans sa chambre. Elle s’est avancée jusqu’à la porte, la main levée, avec tant d’émotion, que Sir Charles a dit, jetant un coup d’œil sur M. Reves : Fort bien, Monsieur ; vous avez bien gardé mon secret ! M. Reves lui a représenté ce qu’il a souffert depuis hier au soir, & s’est fait honneur d’avoir eu la bouche fermée jusqu’à l’arrivée du billet.

Alors M. & Madame Reves l’ont félicité avec une égale satisfaction. Mais je veux vous peindre la figure que votre folle Henriette n’a pu s’empêcher de faire pendant quelques momens. Ses pieds se sont avancés insensiblement vers lui, pendant qu’il recevoit les complimens des autres. J’ai fait timidement une révérence, que personne n’auroit pu remarquer ; & ne la trouvant point assez profonde, je me suis hâtée d’en faire une autre. Ensuite, trouvant une de mes mains dans les siennes, sans savoir si j’avois une main ou non ; je suis bien fâchée, Monsieur, ai-je dit, d’être l’occasion, la cause… ; & j’ai soupiré, de joie sans doute, mais j’ai rougi d’embarras, & du poids d’une reconnoissance dont je vois l’impossibilité de m’acquitter. Je ne sais s’il s’est apperçu de ma confusion ; mais il m’en a sauvé une partie, en me conduisant sur un Fauteuil & s’asseyant près de moi.

M. Reves ayant témoigné aussitôt l’impatience qu’il avoit de l’entendre, il nous