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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/351

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du Chev. Grandisson.

plaignez. Je n’ai pas tiré l’épée pour vous rendre un coup qui ne m’a touché que légérement l’épaule, mais qui menaçoit ma vie. Je n’ai cherché qu’à me garantir du mal que je ne voulois pas vous faire. Telle est la vérité du fait ; & l’occasion étoit assurément d’une nature qui ne laissoit point à un homme d’honneur la liberté de s’y refuser. Aujourd’hui, Monsieur, je viens chez vous, de mon propre mouvement, & j’y viens seul, pour vous faire connoître que je suis toujours dans la même disposition, qui est de ne vous faire aucune injure. Voilà, Messieurs, ce qui me donne sur Sir Hargrave une supériorité qu’il peut diminuer, en se conduisant comme je le desire.

M. Bag. Ma foi, c’est parler fort noblement.

M. Jordan. J’avoue, Sir Hargrave, que ces sentimens m’inspirent du respect.

Sir Harg. Que je périsse si je lui pardonne, aussi long-tems que je porterai ces détestables marques ! Prenez un de ces pistolets, Monsieur, ils sont également chargés. Vous, Messieurs, soyez témoins que s’il me loge une balle dans le cœur, je lui pardonne ma mort. Si je meurs, je me serai attiré mon sort ; mais je veux mourir en homme d’honneur.

Sir Ch. Pour mourir en homme d’honneur, Monsieur, il faut avoir vécu de même ; il faut avoir une bonne cause à défendre.