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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/389

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du Chev. Grandisson.

Mme Reves a paru surprise que Sir Charles fasse un secret des motifs qui le conduisent si souvent dans cette Ville. Sans les connoître, a répondu Mylord L…, je juge qu’il y entre moins de plaisir que de peine. Miss Charlotte accuse son Frere de réserve, mais je n’ai jamais trouvé qu’il méritât ce reproche. Elle est curieuse, il se fait un amusement de sa curiosité. Cependant elle a ses secrets elle-même, ou je me trompe beaucoup. Non, non, vous ne vous trompez pas, a répliqué Mylady ; Charlotte a ses secrets ; & peut-être vous les confiera-t-on, lorsque nous serons tous ensemble à Colnebroke.

J’ai cru pouvoir demander à Mylady si les soins que Mylord G… paroît rendre à Miss Grandisson étoient approuvés de Sir Charles, elle m’a répondu qu’il souhaitoit de voir Charlotte mariée, & qu’il étoit fort ami de l’état conjugal, sur-tout pour notre sexe. Mme Reves n’a pas manqué l’occasion. Je m’étonne, a-t-elle dit, que Sir Charles ne pense pas lui-même au mariage. Mylady a répondu que c’étoit une corde que sa famille avoit touchée souvent, mais jusqu’aujourd’hui sans succès ; qu’il y avoit néanmoins une Dame… elle s’est arrêtée. Si malheureusement ses yeux étoient tombés sur moi, j’étois perdue.

Dites-moi donc, chere Lucie, car vous avez passé par l’épreuve : avez-vous jamais senti dans vous-même une sorte d’impatience qui approche de la pétulance, &