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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/50

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ses Amis ait ouvert ses levres. Si je devine juste, pardon, chere Miss Bramber ! Miss Sally, sa cadette, est fort aimable, avec beaucoup de modestie ; un peu contrainte, peut-être, par la vivacité de sa sœur aînée. La différence de leur âge est de six ou sept ans ; de sorte que Miss Bramber paroît regarder sa sœur sur le pied de ce qu’elle étoit il y a deux ou trois ans, car Miss Sally n’en a pas plus de dix-sept. Ce qui me confirme dans cette idée, c’est que la plus jeune étoit beaucoup moins réservée lorsque sa sœur s’éloignoit un moment, & qu’à son retour, elle recommençoit à fermer sa petite bouche, qui est réellement très-jolie ; sans compter que l’autre ne la nommoit jamais que mon enfant, avec l’air du droit d’aînesse ; & que l’autre disoit modestement ma sœur, d’un ton qui n’étoit pas éloigné du respect.

Deux hommes assez jeunes, qui donnoient la main aux deux sœurs, étoient Mr Barnel, neveu de Milady Allestris, & Mr Sommer. Le second est marié nouvellement. Je lui ai trouvé beaucoup d’affectation dans les manieres, & tout l’air d’un homme fort rempli de ses perfections. Après son départ, j’ai dit à Mme Reves que je le croyois fort amoureux de lui-même. Elle en est convenue. Cependant cet excès d’amour propre est assez mal fondé : c’est un homme fort ordinaire, quoiqu’extrêmement recherché dans sa parure. Il paroît