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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/77

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me à la principale personne de l’assemblée. Qu’il me soit permis de faire une réflexion, ma chere Lucie. Ne vous paroît-il pas fort heureux pour notre sexe léger & badin, que la plûpart des hommes, ces chefs de l’esprit humain, ne soient pas beaucoup plus raisonnables que nous ? Ou pour m’exprimer en d’autres termes, ne croyez-vous pas que les excès de raison sont aussi ridicules qu’une portion modérée de folie ? Mais, silence. Je n’ajoute pas un mot. Mon Oncle ne manqueroit pas de se soulever contre moi.

Qu’est-il arrivé ? que Mr Walden ne pouvant supporter de se voir comme enseveli par l’homme du Monde, a pris le parti, après dîner, de venger l’Université par une querelle presque ouverte. Il n’a pas manqué d’adresse pour faire tourner la conversation sur les avantages du savoir ; d’où il a conclu qu’il n’y avoit rien de comparable à l’éducation qu’on reçoit dans les Universités. Sir Hargrave a traité légerement cette these, c’est-à-dire, avec une ironie fine & quelquefois piquante, qui a déconcerté à la fin Mr Walden, & qui auroit eu d’autres suites, si toute l’assemblée ne s’étoit réunie pour les arrêter. Enfin Mr Walden est sorti fort mécontent.

Lorsqu’on se préparoit à servir le thé, Mylady Williams s’est approchée de moi, & m’a félicitée d’avoir fait une aussi belle conquête que celle de Sir Hargrave. Elle