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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/79

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Mr Reves lui a répondu que tous mes Parens s’étoient fait une règle de ne pas se mêler de mon choix. Sir Hargrave s’en est applaudi, comme du plus grand bonheur ; & rentrant bientôt dans l’assemblée, il a pris un moment où j’étois à m’entretenir seule avec Mme Reves, pour s’approcher de moi, & pour me déclarer, en termes fort ardens, qu’il avoit conçu la plus vive admiration pour un grand nombre de qualités extraordinaires, qu’il a peut-être forgées lui-même ; car il en a fait le compte avec une volubilité surprenante. Enfin il m’a demandé la permission de me rendre ses respects chez Mr Reves. Je lui ai dit que Mr Reves étoit le maître chez lui, & que je n’avois aucune permission à donner. Il m’a fait une profonde révérence, avec un remerciment, comme si ma réponse étoit une permission réelle. Quel parti pour une femme, avec ces flatteurs ? Il a paru chercher l’occasion de renouer l’entretien avant son départ ; mais j’ai sçu l’éviter. Mylady Williams nous a pressés de passer la soirée chez elle ; Mr & Mme Reves se sont excusés. En revenant, Mr Reves m’a dit que je trouverois dans Sir Hargrave un Amant fort résolu & fort importun, si je ne marquois pas de goût pour ses soins. Ainsi, Monsieur, lui ai-je répondu, pour me délivrer de ses importunités vous me conseilleriez de l’épouser ; comme on dit qu’il est arrivé à plusieurs femmes de bon naturel.