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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/105

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du Chev. Grandisson.

qu’elle s’étoit proposé en effet de me voir seule, & que n’ayant elle-même aucun intérêt dans ce qu’elle avoit à me dire… Croyez-vous, interrompit sa Mere, que vous puissiez vous rappeller tout ce que vous lui auriez dit, si vous lui aviez rendu la visite que vous méditiez.

Je ne sais.

Je vais donc sortir. Sortirai-je, ma chere ?

Clémentine se tourna vers moi : Vous avez été mon Précepteur, Monsieur, & vous m’avez donné d’excellentes leçons : dois-je souhaiter que ma Mere s’éloigne ? dois-je avoir quelque chose à vous dire qu’elle ne puisse pas entendre ? Il me semble que non.

La Marquise se retirant, je la priai d’entrer, sans être observée, dans le Cabinet voisin. Il faut, Madame, lui dis-je, que vous entendiez tout. L’occasion peut être importante. Si vous sortez, demeurez du moins assez proche pour juger de notre conduite. Je vous demande votre approbation ou votre censure.

Ô Chevalier ! me répondit-elle, la prudence & la générosité ne vous quittent jamais. Que ne pouvez-vous être Catholique ? Elle sortit, & je lui ménageai le moyen de rentrer sans être apperçue de sa Fille, que j’engageai même à s’asseoir sur un Fauteuil, dont le dos étoit tourné vers la porte du Cabinet. Elle s’y plaça sans défiance, en m’ordonnant de m’asseoir près d’elle.