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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/113

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du Chev. Grandisson.

bontés. Qu’il rende la santé à votre chere Fille ! Qu’il emploie sa toute puissance à votre bonheur ! Le tems peut faire quelque chose pour moi ; le tems & le témoignage de mon cœur… Mais vous n’avez jamais eu devant vous d’homme plus malheureux !

Je pris la liberté de lui baiser la main, & je me retirai avec beaucoup d’émotion. Camille se hâta de me suivre. Elle me dit que Madame vouloit savoir si je ne verrois pas le Seigneur Jeronimo. Que le Ciel, répondis-je, comble de ses bénédictions mon cher Ami ! Il m’est impossible de le voir. Je n’aurois que des plaintes à lui faire. Tous les tourmens de mon cœur éclateroient devant lui. Recommandez-moi mille fois à son amitié. Que le Ciel verse toutes ses faveurs sur cette excellente Maison ! Camille, obligeante Camille, adieu !

Ô cher Docteur ! Mais qui peut condamner la Marquise ? Elle étoit responsable de sa conduite dans l’absence de son Mari. Elle étoit informée de la résolution de sa Famille ; & sa Clémentine sembloit pencher à me marquer plus de faveur, qu’il ne convenoit peut-être aux circonstances. Cependant elle avoit eu l’occasion d’observer que cette chere Fille, dans la situation où elle étoit, ne renonçoit pas aisément à ce qu’elle avoit fortement conçu ; & d’ailleurs, on ne l’avoit jamais accoutumée à se voir contredire.

Le lendemain, je reçus une visite de Camille, par l’ordre de la Marquise, qui