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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/138

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Histoire

tion est plus remplie que jamais de son Précepteur, de son Ami, de son Chevalier. Elle brûle de le revoir. Je les trouve fort blamables, s’ils l’ont fait voyager dans cette espérance, puisqu’elle n’a servi qu’à redoubler son ardeur pour une entrevue. Une seule fois, dit-elle, la consolation de le voir une fois, pour lui apprendre avec quelle rigueur elle est traitée, lui feroit oublier toutes ses peines. Elle est sûre qu’elle obtiendroit de lui un peu de pitié, quoique tout le monde lui en refuse.

Depuis quelques jours, Sir Charles a reçu de l’Évêque de Nocera, une Lettre tendre & pressante, par laquelle on l’invite à faire encore une fois le voyage de Boulogne. Je laisse à lui-même le soin de vous communiquer là-dessus ses résolutions ; d’autant plus que jusqu’à présent je n’ai fait que parcourir cette derniere Lettre, qui a renouvellé tous les tourmens de son cœur. Il en avoit reçu une de Camille, qui lui marquoit, sans expliquer par quel ordre, que tout le monde faisoit des vœux pour son retour à Boulogne. Clémentine est menacée de cette mortelle langueur qu’on nomme ici consomption. Le Comte de Belvedere ne l’en adore pas moins. Il attribue le désordre de son esprit à de mélancoliques sentimens de Religion ; & les détails domestiques ayant peu transpiré, la piété, dont il est rempli lui-même, le touche pour elle d’une tendre compassion. Il sait néanmoins