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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/142

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Histoire

ne peut manquer à la justice, à la générosité, ne consulter que son intérêt propre… Ces derniers mots me confondent dans la bouche d’un homme qui ne dit rien au hasard.

Fort bien ; mais tandis que je raisonne avec moi-même, le tems du déjeûner s’approche. Je veux descendre pour éviter toute affectation. Je vais m’efforcer de voir avec indifférence celui que nous avons tous admiré, que nous avons étudié depuis quinze jours, sous tant de différentes faces ; le Chrétien, le Héros, l’Ami… ah Lucie, l’Amant de Clémentine, le modeste & généreux Bienfaicteur, le modele de la bonté & de toutes les Vertus. Mais il arrive ! Pendant que je babille avec ma plume, il est arrivé. Pourquoi m’avez-vous retenue, chere Lucie ? Il faut à présent que la Folle descende avec une espece de précipitation. Cependant elle veut attendre qu’on la fasse appeller. C’est ce qu’on vient faire à ce moment.

Ô Lucie ! quelle conversation j’ai à vous raconter ! Mais il faut que je vous y conduise par degrés.

Sir Charles est venu à moi lorsqu’il m’a vue paroître. C’étoit lui tout entier ; sa modestie, sa politesse, avec l’air aisé néanmoins, & la bonne grace que je ne puis décrire. Son premier mouvement m’a fait croire d’abord qu’il alloit prendre une de mes mains, & je vous assure qu’elles ne se