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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/146

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Histoire

Il m’a lu aussi quelque partie d’une Lettre de Madame Bemont, adressée en Anglois, dont plusieurs articles ne sont pas moins affligeans. Elle s’excuse de ne lui avoir pas donné plutôt des nouvelles de Clémentine, sur une longue indisposition qui ne lui a pas permis de se procurer les éclaircissemens qu’elle desiroit. Elle plaint cette chere personne de n’avoir tiré aucun avantage de ses courses, & la faute paroît tomber sur ses compagnons de voyage, qui l’entretenoient chaque jour de l’espérance de rencontrer le Chevalier Grandisson. Ils l’avoient mise pour la seconde fois dans un Couvent, à sa propre sollicitation ; & le calme qui avoit succédé pendant quelques jours, commençoit à faire tout attendre de l’avenir : mais ce changement n’ayant pas duré plus long-temps que la nouveauté, une des Religieuses avoit rendu le mal pire que jamais, en lui proposant, pour l’éprouver, de descendre avec elle au Parloir, où elle lui avoit promis de lui procurer quelques momens d’entretien avec un certain Gentilhomme Anglois. Son impatience étoit devenue d’autant plus vive, en se voyant trompée, qu’elle avoit employé deux heures entieres à se préparer pour cette entrevue. Pendant plus de huit jours elle ne s’étoit occupée que du dessein de passer en Angleterre. Après des efforts inutiles de la part de celles qui vivoient dans le même lieu, sa Mere seule avoit eu le pouvoir de lui ôter cette idée, en la priant d’y