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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/15

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du Chev. Grandisson.

mélancolie de leur fille, leur avoit dit que le Comte s’étoit adressé à elle, pour l’engager par de grandes offres à faire tomber une Lettre dans les mains de sa Maîtresse ; qu’elle l’avoit rejetté avec indignation, & qu’il l’avoit conjurée de n’en rien dire au Général, dont toute sa Fortune dépendoit ; que cette raison l’avoit portée à se taire ; mais que depuis quelques jours, ayant entretenu sa Maîtresse de ce qu’elle avoit vu dans le voyage de Naples, elle lui avoit entendu nommer assez favorablement le Comte de Marcelli. Seroit-il impossible, ajouta la Marquise, qu’elle eût pris de l’inclination pour lui ? À tout hazard, Chevalier, faites tomber la conversation sur l’Amour, mais d’une maniere éloignée ; & gardez-vous bien de nommer Marcelli, parce qu’elle jugeroit que vous avez parlé à Camille. Ma fille a de la fierté. Elle ne pourroit supporter que vous lui crussiez de l’amour, surtout pour un homme au-dessous d’elle. Cependant, nous nous reposons sur votre prudence. Vous le nommerez ou ne le nommerez pas, suivant que vous le jugerez convenable à nos vues. Comptez, ma chere, interrompit le Marquis, que ce soupçon est sans vraisemblance. Il est vrai néanmoins que Marcelli étoit dernierement à Boulogne. Mais Clémentine est trop bien née pour s’engager dans un commerce clandestin.

Nous étions arrivés au petit Bois de Myrthe, qui est derriere le Temple, & d’où