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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/173

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du Chev. Grandisson.

prit à part : mon Émilie, (j’aime qu’il m’appelle son Émilie ! mais je crois qu’il traite tout le monde avec cette bonté.) Il faut voir, me dit-il, en me mettant deux Billets de vingt-cinq Guinées dans les mains, ce que nous ferons de ces deux Billets. On peut avoir quelque besoin pressant. Nous supposerons que votre Mere est mariée depuis trois mois. Les deux pensions peuvent commencer au mois de Décembre passé. Je verrai, à leur départ, mon Émilie, avec quelle grace vous leur ferez ce petit présent ; & la conduite de M. Ohara nous fera observer s’il est l’homme avec lequel votre Mere puisse vivre heureuse, à présent que leur intérêt commun est d’avoir un peu de complaisance l’un pour l’autre. Mais que l’offre vienne entiérement de vous.

Quelle bonté ! Mademoiselle. J’aurois baisé volontiers les Billets, parce qu’ils sortoient de ses mains. J’entends, Monsieur, lui répondis-je. Et lorsque ma Mere se fut levée pour partir, en renouvellant les témoignages de sa reconnoissance, je m’adressai à M. Ohara : Monsieur, lui dis-je, il me semble que le premier quartier doit commencer à Noël dernier. Recevez-en le paiement de ma propre main. Je lui remis alors un des deux Billets. Ensuite jettant un coup d’œil respectueux sur ma Mere, de peur qu’il ne se méprît, & qu’il ne se fît tort aux yeux du plus habile observateur du monde, je lui donnai aussi le second Billet.